Dans ton film : Le maillon faible : enquête sur la fiction télé belge, tu dis notamment que les téléfilms faits en Belgique - qui sont souvent des téléfilms français minoritairement belges - ne servent ni les auteurs, ni les comédiens belges ?
Gérald Frydman : Dans cette enquête, nous avons recueilli un ensemble de témoignages sur la production de fiction télé pour comparer notre situation à celle des pays de la même grandeur que la Belgique, c'est-à-dire des pays qui ont à peu près le même nombre d'habitants. En ce qui concerne notre Belgique francophone, on constate que l'industrie s'est bien construite, tout le monde reconnaîtra qu'on est arrivé à des résultats appréciables, même sur le plan international : il y a un éventail de producteurs qu'il n'y avait pas avant, des producteurs actifs, compétents, qui montent des opérations sur le plan européen. Des tournages internationaux importants viennent se faire en Belgique, avec nos techniciens, qui sont reconnus, et tout un métier, tout un secteur se développe. C'est très important. Mais il faut attirer l'attention, malheureusement, sur un secteur de la télévision complètement laissé pour compte dans ce développement, celui des auteurs, qui écrivent et réalisent, et celui des comédiens, qui donnent chair à leurs créations : autrement dit, toute la partie créatrice, supposée exprimer l'âme d'un pays, qui est absente de la télévision et donc, malheureusement, l'âme de ce pays existe peu pour le téléspectateur dans ce contexte.
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