Une nuée de véhicule kaki en patrouille sur les principaux accès, des canons qui pointent sous les camouflages, des unités en treillis qui avancent, concentrées sur les digues et des norias d’embarcations qui fendent les eaux tranquilles. À l’heure où l’exécutif, le chef de l’État en premier, prend un ton martial pour annoncer un effort sans précédent pour renforcer sa défense nationale, dans la vallée du Rhône Sud, hier, on passait aux travaux pratiques.
Après avoir simulé l’an dernier un déploiement dans le cadre de la sécurisation de l’événement planétaire des JO de Paris, en 2025, le 1er régiment étranger du génie de Laudun et le 1er régiment de cavalerie de Carpiagne a décidé de consacrer son exercice annuel -- baptisé "Terra Nostra 2025" -- "en terrain libre", testant en condition réelle des manœuvres autour d’un fleuve. "Ce sont des choses qu’on serait amenés à faire dans un conflit de haute intensité, par exemple en Europe de l’Est", estime le lieutenant-colonel Olivier, qui organise et dirige l’exercice.
Le Rhône : 300 m de "coupure humide"
à franchir en offensive
Il faut dire que de la Centrafrique au Mali en passant par le Tchad, dans les immensités semi désertiques de la bande sahélienne, depuis trente ans les opérations de l’armée française n’impliquaient guère de faire traverser des fleuves aux engins blindés et à leurs troupes. Quelques années ont totalement renversé les perspectives. Les forces de l’ancienne puissance coloniale ont perdu pied dans ces régions d’Afrique tandis qu’un renversement de l’histoire ramenait la guerre sur le continent européen soudain privé de l’appui américain.