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À Saint-Menet, l'ancienne usine de chocolat de Nestlé se mue en studio de cinéma

2025-04-01 24 Dailymotion

Commissariat d’Aix-en-Provence, un matin gris de printemps. Jules Ballarin, 27 ans, a été retrouvé mort dans le magasin d’accastillage où il travaillait comme gardien. Aidé de sa coéquipière Chloé Becker, Simon Coleman vient de découvrir que le jeune homme enquêtait sur l’incendie mortel d’un bateau en pleine mer. Et le capitaine de police en est sûr, il a "déjà entendu le nom du bateau quelque part"… "Coupez !", s’exclame le réalisateur depuis la pièce voisine, tandis qu’une dizaine de techniciens, maquilleurs, régisseurs surgissent sur le plateau.

Nous voilà en réalité à Marseille, dans le quartier de Saint-Menet (11e). Après deux premières saisons diffusées sur France 2, la série Simon Coleman - Jean-Michel Tinivelli en flic parisien muté dans le Sud - a réinvesti notre région pour un mois de tournage. Et si le centre-ville aixois a bien servi de décor naturel, mi-février, à cette saison 3, c’est en grande partie dans les locaux de la Chocolaterie de Provence, au cœur de la vallée de l’Huveaune, que le feuilleton est fabriqué depuis 2022.

Imaginer l’avenir du site

Entre 1952 et 2006, des milliers de tonnes de tablettes Nestlé sont sorties de l’usine conçue par l’architecte Fernand Pouillon. Des générations de Marseillais se souviennent d’ailleurs des sachets de Picorettes, offerts après une visite avec leur classe, et de la délicieuse odeur de chocolat qui flottait alors sur l’Est de Marseille. "Jusqu’à 1 200 personnes ont travaillé sur le site, c’était une petite ville", se remémore Philippe Scano, depuis l’un des vastes entrepôts du site, aux murs encore imprégnés de poudre de cacao.

Entré à l’usine comme contremaître en 1981, parti en 2015 avec la casquette de directeur, il a vu se succéder, à Saint-Menet, les propriétaires et les logos au sommet des neuf silos à fèves de cacao. Après le départ de Nestlé, l’entreprise marseillaise Netcacao tente la reprise, mais jette l’éponge en 2011. Un an plus tard, la production est relancée sous le nom Chocolaterie de Provence, avec une trentaine de salariés et un repreneur russe, Ivoire Compagnie de Cacao, qui mise beaucoup sur le marché à l’export. Sans succès.

En 2016, les machines sont mises définitivement à l’arrêt. "Yulia Serykh, qui faisait partie du groupe d’investisseurs russes, a racheté les parts pour ne pas laisser détruire l’usine", éclaire Virginie Geoffroy, l’actuelle directrice du site et l’une des trois derniers salariés à Saint-Menet.

Cette Vitrollaise a été embauchée en 2017 avec la mission de trouver une affectation à ces 30 000 m2 de surface au sol. Contrainte de taille : la chocolaterie est située dans la zone de prévention de l’usine chimique Arkema, et ne peut recevoir du public. Aidée de Philippe Scano, désormais retraité, c’est elle qui a supervisé le démantèlement de l’outil de production, puis développé la location immobilière à des entreprises. Elle, aussi, qui a amené l’activité cinéma, presque par hasard.