Les journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde) publient aujourd'hui une enquête sur le mouvement La France Insoumise créé en 2016 par l'ancien sénateur socialiste, intitulé "La Meute" (Flammarion). Ce livre, fruit d'un travail de deux ans au cours duquel ils ont interrogé 200 personnes, décrit une formation totalement organisée autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, où les intimidations et les menaces sont monnaie courante.
L'enquête décrit les nombreuses purges qu'il y a eues au sein de La France insoumise. Celles connues du grand public, comme le couple Raquel Garrido et Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin, Danielle Simonnet, mais le parti en compte "une dizaine d'autres, plus silencieuses mais pas moins violentes", expliquent les journalistes.
"Le parti se renforce en s'épurant, c'est une formule qu'on prononce à l'extrême gauche", précise Charlotte Belaïch.
"On peut constater qu'aujourd'hui Jean-Luc Mélenchon minimise l'antisémitisme", avance Charlotte Belaïch. "Il dit que l'antisémitisme est résiduel" et que "l'accusation d'antisémitisme est devenue vide de sens", poursuit-elle. Mais il y a quand même, selon elle, une "prise de conscience" : "On a appris, après l'écriture du livre, que les Insoumis avaient eu une formation sur les questions d'antisémitisme dont ils ne veulent pas parler."
Les deux journalistes consacrent également plusieurs pages à un sujet électrique au sein de LFI : le rôle de Sophia Chikirou. Leur livre évoque ouvertement la relation intime qui la lie à Jean-Luc Mélenchon, « secret de Polichinelle » dans les salons parisiens.
« Il y a un tabou au sein de LFI et il s'appelle Sophia Chikirou, assure Olivier Pérou. Jean-Luc Mélenchon n'accepte pas qu'on parle de sa vie privée. Mais nous avons décidé d'écrire sur ce couple, car Sophia Chikirou se présente elle-même en interne comme “la femme du chef”. C'est ce statut qui la rend intouchable, malgré la violence de certains de ses propos. »
"On a vu un parti se recentrer un peu sur une logique de clan et qui ne nous semblait absolument pas de nature à dénouer les débats stratégiques nécessaires pour trouver la bonne voie pour devenir majoritaire", a commenté à l'AFP Clémentine Autain, exclue en juillet. Ces évictions ont été facilitées par le fait que ce mouvement a été théorisé comme "gazeux", c'est-à-dire notamment sans congrès pour permettre d'élire ses dirigeants.
Au sein de LFI, les expressions de contestation, même sous couvert d'anonymat, sont très rares depuis les purges de 2024.
C'est donc de l'extérieur que sont venues les critiques.
"De ce que j'ai lu me concernant, c'est exact. Indiscutablement il y a un problème de fonctionnement dans ce mouvement", a assuré sur franceinfo le député du groupe écologiste Alexis Corbière. "On ne fait pas la VIe République et une société plus démocratique quand on fonctionne en interne comme un mouvement qui ne tolère pas le désaccord", a ajouté cet ancien proche parmi